Chronique de Véronique Soulé dans l’émission Écoute ! Il y a un éléphant dans le jardin du mercredi 10 octobre 2018. Ce magazine radiophonique sur l’actualité culturelle des enfants est réalisé et animé par Véronique Soulé sur Aligre FM 93.1 (Paris et Région Parisienne), chaque mercredi de 10h30 à 12h.
Un éléphant dans les pages, c’est notre chronique autour des livres pour enfants, dans lesquels un éléphant s’est glissé quelque part, dans un coin de l’image ou au détour d’une phrase, ou bien prenant la pose. Et ils sont nombreux, alors bien sûr, comme nous avons le choix, nous choisissons ceux qui nous ont particulièrement plu.
Pour cette première chronique de la saison, j’ai choisi des albums qui viennent de paraitre, à la fin de l’été ou en ce tout début d’automne.
Le premier album s’inscrit tout droit dans la lignée de ceux de Bastien Contraire, que nous évoquions à ce micro la semaine dernière, un album composé de formes simples, voire minimales, aux couleurs vives et tranchées, et dont la réalisation le situe à la croisée du livre d’artiste et du livre jeunesse, ou plutôt du livre d’activités. Il s’intitule Zoo in my hand, réalisé par deux artistes coréennes Inkyeong et Sunkyung Kim, illustratrices et designers, et publié par les Éditions du Livre. Cette maison d’édition strasbourgeoise, fondées et dirigées par Alexandre Chaize, se situe dans le courant de la micro-édition, avec un soin particulier apporté au façonnage du livre, de façon parfois artisanale. Des livres-objets très épurés, dont la manipulation fait partie de leur lecture et leur apporte tout leur sens. Zoo in my hand, Zoo dans ma main donc, et effectivement il n’est pas plus grand que la main, est un bestiaire étonnant. A première vue, 40 feuilles de papiers repliées recto-verso, toutes de couleurs très vives. En regardant mieux, à la pliure de chaque feuille, la silhouette d’un animal, incomplet ou juste une moitié, est dessinée par un fin trait noir. Au dos de la feuille, le nom de l’animal, en six langues, anglais, espagnol, français, italien, allemand, coréen, japonais, chinois. Rien d’autre. Kangourou, lion, singe, cochon, rhinocéros, girafe, et cetera, et bien sûr éléphant. Quel drôle de livre !
Mais c’est en regardant la couverture, entièrement blanche, mais dans laquelle est prédécoupée une petite grenouille, au dos légèrement plié, que l’on saisit la proposition. À chacun de prendre ses ciseaux, de découper très délicatement sur le tracé de la silhouette, de plier une fois ou bien deux, et chaque animal prend du volume, et de la couleur, car le verso des feuilles est d’une autre couleur. Un zoo de quarante animaux s’échappe ainsi du livre pour vivre leurs aventures à inventer. Quant au livre, aux bordures de pages découpées toutes différemment, si on a manié les ciseaux avec soin, il laisse les couleurs se superposer de façon très élégante, j’imagine. Mais j’avoue que je n’ai pas encore osé découper mon exemplaire, et que je me contente encore de feuilleter ses pages.
Zoo in my hand est un livre d’activités qui, comme ceux de l’artiste designer Bruno Munari en son temps, invite les enfants à découvrir le livre non pas seulement comme des pages de texte et d’images à lire ou regarder, mais aussi comme un objet à manipuler et à investir. Ludique, joli et ingénieux.
Zoo in my hand, de Inkyeong et Sunkyung Kim, édité par les Éditions du livre, 20 euros, et pour tous les âges.